Tes lèvres sont rouges d’avoir trop mordu la vie…
Mais peut-être est-ce simplement l’abus de cerises…
Tu sais, les cerises du marché, celles qui sont si juteuses, si délicieuses, si noires qu’elles en sont presque bleues…
Celles qui rappellent à ce point l’enfance qu’on en pleurerait…
Tes joues sont rouges, ta peau brûlante…
Ton regard si vif, si acéré, tes pupilles qui brillent, tellement qu’elles me rappellent la luminescence de ce banc de plancton que nous avions aperçu, émerveillés, il y a trois ans, au milieu de la mer…
Nous aimions tant nager, Est-ce que tu t’en souviens…
Ou est-ce déjà si loin ?…
Ce bonheur si lancinant qu’il en était presque douloureux…
Ce bonheur d’être là, tous les deux, au soleil…
Dans cette perfection là qu’était notre été…
La mer qui étalait sa beauté sublime… Comme si elle voulait nous écraser de sa supériorité… Si forte et si belle…
Si divine mais tellement dangereuse aussi…
Il y avait l’odeur du sel et nos lèvres en étaient toute craquelée… Nous passions tellement de temps dans l’eau que le sel se déposait sur nos sourcils…
Je me souviens de ton rire, de ton énergie si folle qu’elle en déposait comme des étincelles sur ma peau lorsque tu me touchais…
Nous étions si heureux…
Je me rappelle de tout…
Je m’en rappelle si bien…
La douceur, la volupté de l’eau délicieusement tiède sur notre peau, échauffé par le soleil brûlant… Ces moments que nous passions sur le sable à parler et changer le monde… Ces moments à lézarder comme des créatures à sang froid… Ces moments délicieux qui me reviennent en vrac…
Cet été…
Cet été là…
La douceur de ton regard, et cette intensité lorsque tes paroles devenaient plus sérieuses…
Cette profondeur là…
Comme j’aimerais y plonger à nouveau, y nager en m’y perdant…
Tu te rappelle la saveur des tomates cerises, du melon de Provence et nos rires limpides qui descendaient en cascade lorsque le jus de Pastèque nous coulait sur le menton… Tu venais y lécher quelques gouttes sur le mien…
Cette fraîcheur délicate qui coulait dans nos gorges alors que nous buvions de la Sangria. Le patron de notre petit restau préféré y mettait tant de morceaux de fruits que ça remplissait nos verres à ras bord…
Et tu riais, tu riais de voir cet homme vieillissant me draguer gentiment…
Il nous aimait bien je crois…
Il aimait notre insouciance, notre douce folie et nos crises de fou rire…
Il regardait nos mains enlacés, nos doigts tellement entrelacés qu’on ne savait plus qui était ton index, mon majeur, ou le pouce…
Il souriait de voir notre bonheur, notre joie enfantine de vivre des jours si lumineux…
Crois-tu qu’il soit toujours en vie ?
J’aimerais retourner à Saint-Jean de Luz
J’aimerais y retourner et le revoir… Comme ça, par hasard, au gré d’une rue.
J’aimerais pouvoir lui dire que je l’ai jamais oublié…
Comme je n’ai jamais oublié cet été-là…
L'Or
Très beau dimanche !!!