Sortie poche en mai 2010
Grand prix littéraire des lectrices ELLE
2008
Cela faisait un petit moment que j'avais envie de vous parler de cette sortie poche. Je l'ai lu en Août 2008 et bien sûr pour faire un billet digne de ce nom il faudrait que je le relise... Mais le temps me manque pour l'instant.
Si je vous en parle c'est que, j'aimerais vraiment que ce livre arrive entre vos mains. Il a été un vrai coup de coeur pour moi. Un livre très fort, que l'on oublie pas de sitôt.
Il fait parti de ces livres, vous savez, ces livres qui sortent de l'ordinaire. Ceux qui vous rappelent pourquoi vous aimez tant lire. Un de ceux qui vous bouscule et vous malmène.
C'est un livre qui vous empoigne, vous dévore, vous possède comme une fièvre. Vous tournez les pages comme envoutés, même si vous entrez dans un prodigieux cauchemar. Vous n'avez pas d'autres choix que de continuer. C'est une histoire qui a un sacré souffle, un roman qui a une sacrée personnalitée...
La vie, le monde qui gravitent autour de vous s'effacent, s'écartent comme un rideau.
Et vous avez devant les yeux un univers glacial mais prenant, une histoire incroyable.
Et vous entrez là dedans à petits pas, timidement d'abord, et sans hésitation après comme on se jette dans une décision pour laquelle on a longtemps hésité.
Vous avez le souffle court et le coeur battant...
N'est ce pas là ce que l'on demande à n'importe quel livre ???
Cet évasion là ?
Je l'ai lu il y a deux ans et les sentiments qui m'ont alors traversés sont encore tout frais dans ma mémoire.
Le sujet : (quatrième de couverture ou plutot deuxième pour l'édition Zulma)
Troublant, diabolique même ce manuscrit qu’Alexandre Astrid reçoit par la poste ! Le titre : Garden of love.
L’auteur : anonyme. Une provocation pour ce flic sur la touche, à la dérive, mais pas idiot pour autant. Il comprend vite qu’il s’agit là de sa propre vie. Dévoyée. Dévoilée. Détruite. Voilà
soudain Astrid renvoyé à ses plus douloureux et violents vertiges. Car l’auteur du texte brouille les pistes. Avec tant de perversion que s’ouvre un subtil jeu de manipulations, de peurs et de
pleurs.
Comme dans un impitoyable palais des glaces où s’affronteraient passé et présent, raison et folie, Garden of love est un roman palpitant, virtuose, peuplé de voix intimes qui susurrent à
l’oreille confidences et mensonges, tentations et remords. Et tendent un redoutable piège. Avec un fier aplomb.
Ne faites pas attention à la couverture, que je trouve très laide, de l'édition Folio. Je trouve que ce n'est pas du tout une belle représentation de ce roman.
Allez au delà, aussi, des premières pages qui sont glauques et sordides...
La suite est une vraie petite merveille.
Il vous faut le lire, oui absolument...
Un extrait :
" Notre grande scène des retrouvailles avait duré moins de trois minutes. Je suis resté sur place une demi-heure de plus, je ne l'ai pas vu ressortir. Puis le ciel a tonné juste au-dessus de nous et l'averse est tombée d'un seul coup. J'ai rameuté les garçons et nous sommes repartis au pas de course, cette fois par la promenade qui longe la plage. En passant devant le Neptune, je me suis efforcé de ne pas tourner la tête. J'ai pensé qu'il était peut-être en train de me regarder, nous regarder, à travers les vitres teintées.
La pluie m'a fait du bien.
On est arrivés trempés. Les petits avaient encore des algues brunes collées aux bottes et aux pantalons comme des bouts de sparadrap. Piteux et hilares à la fois.
- Ben voyons... a soupiré Florence en nous voyant.
Sourire aux lèvres. Dieu qu'elle était belle. On s'est déshabillés et frottés avec des serviettes. Les enfants riaient. Tout cela représentait une tranche de vie familiale absolument parfaite. L'image même de l'harmonie et du bonheur. Des gens qui s'aiment. Je ne peux pas m'empêcher d'y croire, à chaque fois. Je cherche alors le regard de Flo et j'espère de toute mon âme qu'il ne se démentira pas. S'il y a une chose que j'ai apprise, c'est à repérer les ombres qui planent au fond de ses yeux.../...
.../... Il a plu tout le reste de la journée par intermittence. Nous n'avons plus mis le nez dehors mais les garçons se sont tenus tranquilles. Le sapin, la crèche. Les derniers préparatifs. Et toujours cette impression de bonheur ordinaire et serein. Quelque chose d'extrêmement précieux pour moi. Hélas, avec ce qui se jouait dans les replis de mon crâne, il m'était impossible de me laisser aller et d'y adhérer pleinement. Je voyais ça de l'extérieur et ma propre joie, ma petite fête personnelle en était en partie gâchée. Ne serais-ce que pour ça, j'en voulais à Ariel d'avoir reparu juste ce jour-là. J'ai du mal à croire au hasard.
On s'est fait notre petit repas de réveillon tous les quatre. Le sapin clignotait dans un coin du salon. Florence avait disposé des espèces de lumignons multicolores un peu partout dans l'appartement. J'ai chassé l'idée que ça pouvait ressembler à une veillée funèbre. Je me suis concentré sur leurs visages. Celui de Flo. Celui d'Etienne le Sage. Celui de Mattéo, Mat-au-Marteau, roi des bricolos. Mes trois merveilles. Mes trois étoiles dans la nuit noire. Les reflets avaient des éclats doux sur leur peau comme autour d'un feu et leurs yeux brillaient. J'ai souhaité qu'il n'y ait jamais de fin à ça.
Mais qui sait où se perdent nos prières ? "
J'espère vraiment vous avoir convaincus...
Et surtout, ne croyez pas lire un polar, ce livre est beaucoup plus que ça. Il a de vrais qualités littéraires (attention, je ne dis pas que les polars n'en ont habituellement pas mais c'est vrai pour certains). Il a pour lui un vrai style et une écriture percutante.
Vous pouvez faire un petit tour ici, prenez le temps de lire toute la page. Vous y trouverez toutes ses distinctions et sélections. Des extraits de la presse (nombreuses) et la critique du Elle. Et sur la colonne de gauche, toutes les blogueuses et blogueurs qui en ont fait un billet (et là aussi il y en a un paquet).
Je vous en donne moi même quelques-uns :
Florinette, Karine, Amanda, Chaplum, Papillon, Kathel, Richard, Saxaoul, ect, ect...
Mais le meilleur conseil que je vous pourrais vous donner c'est de les lire après votre lecture. D'en lire le moins possible et d'arriver, comme moi, dans votre lecture sans en savoir plus que les quelques lignes, qui n'en disent pas trop, du quatrième de couverture.
C'est un livre qu'il faut aborder dans la plus grande incertitude...
Il faut entrer dans ce livre comme dans un brouillard...
Vous verrez, les frissons sont aux rendez-vous...
Et je le trouve parfait pour une lecture d'été.
Bonne lecture !
Et de plus, d'une façon rétroactive, j'inscris ce livre au challenge "Des notes et des mots" d'Anne parce qu'il est beaucoup question de musique dans ce livre