Dessin de Marlène
Il neige…
Il neige maintenant depuis un an, trois jours et six heures…
Personne ne sait quand cela va s’arrêter, tout le monde spécule, ils s’éclatent tous à faire des prévisions, des calculs. Ils cherchent des raisons, chacun y va de sa petite idée, de sa petite folie. Certains prédisent la fin du monde, la fin de nos jours, la fin de tout…
Moi je suis dans l’ivresse, je m’enivre de l’odeur de la neige. Je savoure sa blancheur, sa pureté. Son onctuosité…
Je respire et je sens le froid circuler dans mes veines et purifier mon sang.
Je respire et je me sens devenir forte, les pensées de plus en plus claire…
Je m’enivre et je me soûle de toute cette pureté.
Je me soûle de ce paysage redevenu vierge.
Je me soûle, me vautre dans tout ce blanc…
Et je marche, je marche pendant des heures, emmitouflée dans le plus d’épaisseur de douceur possible ; manteau, écharpe, trois pulls et deux écharpes et même, même parfois une couverture posé sur mes épaules…
La terre se meurt…
La terre n’a jamais été aussi belle…
Les images qui passent en boucle à la télé et qui me fascinent sont celles des ours blancs qui retrouvent enfin le moral et qui s’ébattent joyeusement. Ils dépassent les frontières, bientôt ils arriveront en ville…
Faudra faire gaffe, histoire de ne pas se trouver soudainement face à eux… Leur beauté, sans doute, me clouerait sur place.
Je resterais pétrifier par la magnificence, la noblesse, la splendeur de cette animal qui me fixerait avec le plus grand dédain…
Qui suis-je, que suis-je face à lui ?
Mais nous n’en sommes pas encore là, non, pas encore…
Pour l’instant les rues sont sûres et elles m’appartiennent. Les gens se terrent, se pétrifient entre leurs murs.
Ils n’osent plus sortir, ils restent comme figés, devant leur poste de télé. Ils claquent des dents, ils sont cloués par la peur…
Les rues sont à moi…
Et je respire, je respire à pleins poumons…
Je m’enivre et je m’enivre encore…
Je me soûle de cette blancheur et elle me fait parfois vaciller…
Ce blanc, à perte de vue, c’est comme un perpétuel recommencement…
Une immensité glaciaire…
Il neige…
Il neige depuis un an, trois jours et six heures…
Et moi…
Moi, je n’ai jamais été aussi heureuse…
L'or
Ceci est ma participation au jeu d'écriture du blog à 1000 mains