Le ciel est sublime, il est pur, d'un bleu de glace. Je me suis installée sur la terrasse. Tu me verrais, les cheveux défaits, le visage encore tout chiffonné d'une mauvaise nuit de sommeil... Les yeux cernés, le teint encore très pâle (je n'ai pas encore eu le temps de prendre le soleil).
Tu me verrais...
Quel meilleur endroit que cette terrasse ensoleillée pour t'écrire. Je crois que ça sera une belle journée, sans vent, sans nuages. Il fait encore très frais pour la saison mais ils annonçent un réchauffement réel. L'humidité de la nuit m'entoure et me fait éternuer. Et cela même si j'ai couvert mes épaules avec ce gilet turquoise que tu m'avais offert l'hiver dernier. J'ai un peu froid mais c'est peut-être l'absence...
Ton absence...
Bientôt l'été sera là, les enfants se baigneront dans la rivière et les touristes arriveront. Il y aura du bruit et des rires et le temps passera avec douceur.
Mais ton absence...
Devrais-je te dire encore à quel point tu me manques ?
Devrais-je encore te le dire ?
Le temps passe lentement, douloureusement... Les heures passent, dangereuses, agaçantes... Je sais ce que tu me dirais... Je le sais... Mais ça n'empêche pas l'amertume de mes jours. J'ai devant les yeux le citronnier magnifique que grand-père a planté il y a de cela des années, lors de leur arrivé dans cette maison... Il est très vieux... et gigantesque pour un citronnier, tout le monde nous en fait la remarque...C'est sans doute l'amour de grand-père et sa détermination qui l'ont fait prospérer à ce point. Cet été encore les enfants profiteront de son ombre pour jouer, pour lire, pour se reposer... Et nous mangerons ses fruits, je ferais des sorbets, des confits pour accompagner des grillades...
Grand-père n'est plus là, et grand-mamie non plus...
Mais le citronnier lui, veille...
Et il sera encore là quand nous ne serons plus...
Magnifique, imposant, grandiose...
Ainsi que la mer, le soleil, les rivières...
Notre amour est-il immortel ?...
Dans quelques heures je prendrais le chemin de pierres roses avec les enfants, nous descendrons à la rivière, peut-être même se baigneront-ils. Ils seront joyeux, insouciants, heureux. Ils ne t'attendent pas... Ils savent... Tu reviendras... bientôt...
C'est toute la force de leur enfance qui leur donne cette confiance...
Il n'y aura pas de vent aujourd'hui... La chaleur montera lentement et avec elle l'espoir d'un bel été... Je crois que Papa nous rejoindra en Juillet. Mais il ne sait pas encore pour combien de temps, il n'a pas encore posé ses congés. Il viendra avec Juliette. Tu sais, elle a beaucoup changé, elle est devenue plus douce, plus sereine. Je finirais peut-être un jour par l'apprécier. Peut-être...
J'ai un peu moins froid... Les cigales ont déjà commençés à chanter. La journée sera belle.
Mon thé refroidit lentement, à porté de ma main. J'ai goûté le thé que Marie m'a envoyé, il a un goût de soleil et de vacances. Un gôut de pamplemousse et de citron... Un petit goût d'acidité mais aussi de tendresse. J'ai devant moi quelques minutes encore de calme et de tranquilité, les enfants ne devraient plus tarder à se réveiller. Tu verrais Baptiste il est absolument craquant... Hier je l'ai emmené chez le coiffeur, il n'a plus ses petites boucles dorées. Cela devenait impossible à coiffer, alors voilà... Cela lui va très bien, on dirait un vrai petit homme. Quand je l'ai couché hier soir il m'a demandé de lui apporter un petit miroir de poche, pour pouvoir s'admirer à loisirs. Il m'a regardé en plongeant son regard bleu ciel dans le mien, m'a demandé le plus sérieusement du monde avec sa petite voix adorable :
" Maman, est ce que je suis un grand maintenant ? "
Je lui ai répondu qu'il grandissait un peu plus chaque jour mais que, tant qu'il en aurait envie, il pourrait encore jouer un peu au bébé et que cela ne l'empêcherait jamais de me faire des gros calins et il s'est blotti dans mes bras.
Marion a encore perdu une dent il y a trois jours... Elle a un sourire qui vaut le coup d'oeil... Elle devient plus belle de jours en jours notre fille. Je surprends parfois sur son visage des expressions qui sont les tiennes. Cela me serre le coeur... et m'éblouit en même temps.
Que faudrait-il que je te dises de plus ?
Que faudrait-il te dire pour te convaincre ?
Que la vie sans toi me paraît bien terne...
Que les jours sans toi sont banals et gris...
Mais je m'interromps quelques instants mon amour... Le facteur me fait signe derrière la grille. J'attends un colis, quelques livres commandés...
Je reviens...
Il y avait aussi une lettre... une lettre de toi... Tu me dis que tu seras là demain, tu me demandes de venir te chercher à 7 h 45, tu me dis que tu reviens...
Que tu reviens...
J'ai confiance... j'ai confiance en nous...
Nous nous sortirons de tout cela... Nous nous relèverons....
Plus fort encore...
Cette lettre je ne l'enverrais pas... je te la donnerais demain...
Je t'attends...
Je t'attends...
L'or des chambres
Ceci est ma participation au jeux d'écriture du blog a mille mains.
D'autres textes ici.
C'était le dernier jour aujourd'hui. Comme d'habitude je ne suis pas en avance...
J'ai oublié de dire aussi que la photo vient de Thé citron, photo magnifique qui m'a vraiment inspiré... Merci à toi Thé citron !
Bisous à toutes et à tous.