Lecture commune avec Theoma et Keisha
C'est ma deuxième lecture de cet auteur. " Refaire le monde " avait été un de mes coups de coeur de mon été 2009 et franchement je resigne direct pour un troisième roman avec elle...
C'est un livre qui fait 656 pages mais on ne voit pas le temps passer !
Fenno est un personnage qui a une place assez importance aussi dans " Refaire le monde ", mais ça n'est pas très important de commencer par l'un ou par l'autre.
" A la condition d'y consacrer assez d'énergie, l'amour ne finit jamais. "
Jim Harrison, La route du retour
Phrase en bonne place, avant les premières lignes du livre.
Ce roman se situe sur trois périodes, trois étés de la famille McLeod.
Le premier en 1989. Paul vient de perdre sa femme Maureen et part en Grèce pour ne plus ressacer ses souvenirs encore et encore...
" Paul avait choisi la Grèce pour sa blancheur annoncée : la chaleur incandescente du jour, l'affluence nocturne des étoiles, l'éclat des maisons chaulées le long de la côte. La Grèce aveuglante, brûlante, somnolente, fossilisée. "
Si Paul est malheureux, il n'a pas l'intention de faire une croix sur sa vie.
" Paul soupire, " Je ne suis pas un grand collectionneur. " Plus exactement, il aurait pu dire qu'il n'est pas venu ici pour en rapporter des souvenirs mais pour les oublier, pour y apporter une partie des siens et les laisser tomber comme des pierres, un par un, dans la mer. "
Cette première partie nous permet aussi de faire la connaissance de Maureen, une femme dynamique et déterminée. Elle tenait un élevage de Collies, des chiens, gardiens de moutons.
Un rêve qui lui tenait à coeur et dont elle fait mention dès sa première rencontre avec Paul.
Il est aussi question des derniers jours de Maureen qui mourra d'un cancer des poumons.
Notre deuxième partie est concentré sur Fenno, l'un de leurs trois fils. Dennis et David, sont ses frères jumeaux. Fenno se sent un peu à l'écart de cette famille, différent, mais est-ce seulement parce qu'il est homosexuel ? Fenno n'aura jamais l'occasion de parler de son homosexualité avec son père. C'est sans doute quelque chose qui lui pèsera toute sa vie. La deuxième partie commence sur les retrouvailles de nos trois frères, lors de l'enterrement de leur père, Paul. Fenno se sent plus à l'aise avec Dennis, cuisinier, que de David, un peu railleur...
" Avant même que j'ai atteint la porte d'entrée, Dennis me serre dans un étau parfumé à l'ail. Dennis et David sont tous les deux sensiblement plus grands que moi, mais Dennis me dépasse presque d'une tête, et la sensation que me procure son étreinte est sans conteste fraternelle, dans le meilleur sens du terme.../... Toute la tendresse, toute la gentillesse des deux côtés de notre famille, présente chez nos parents, certes, mais pas à un tel degré, ont dû couler comme de la sève au travers de notre arbre généalogique pour se condenser dans le débordement affectueux de mon plus jeune frère. Dennis est ce rare cliché devenu réalité : un joyau, un diamant à l'état brut. "
Là, nous voilà en plein coeur d'une belle histoire de fratrie. Dennis et David sont mariés, Dennis a des filles mais David et Lillian n'ont pas d'enfants... Ce qui donnera suite à un évènement important dont je ne vous parlerais pas ( je ne vais tout de même pas tout vous raconter...). A cela se rajoute aussi la rencontre de Fenno avec Mal, critique musical, atteint du sida. J'avoue que qu'il y a un passage qui m'a donné les larmes aux yeux, et c'est une chose qui m'arrive rarement lors de la lecture d'un livre.
Il ne faut pas oublier non plus Felicity, l'oiseau tellement tendre et affectueux dont Mal fera cadeau à Fenno, (sans en avoir trop le choix.)
La troisième partie (mais je serais bien resté plus longtemps avec Fenno...) est consacré à Fern. Cette jeune femme dont Paul avait fait connaissance lors de son voyage en Grèce. Bien sûr tout cela se regroupe et nous ne perdons pas de vue Fenno ni ses frères...
L'histoire en elle même n'est pas la plus importante.
L'important c'est le style de l'auteur et son lyrisme. Les pages s'enchainent les unes après les autres et il n'y a pas de temps mort. Je n'ai ressenti de l'ennui à aucun moment, ce qui n'est tout de même pas évident, vu le nombres de pages.
Fenno est un personnage très attachant. Un homme que l'on aimera bien connaître et avoir pour ami.
Si " Refaire le monde " pouvait faire partie des livres que j'appelle " bonbons au miel ", " Jours de juin " est plus grave, plus triste. Attention, je ne dis pas du tout que c'est un livre déprimant mais le sujet est plus pesant que dans " Refaire le monde ". Malgré ça je considère que ce livre est un petit délice, un vrai, vrai moment de bonheur...
Vivement le prochain...
C'est un livre doux, tendre, moelleux...
Je vous le recommande fortement...
Avec ce livre vous vous promenerez entre la Grèce, l'Ecosse et New York...
Il y a aussi des pages délicieuses et gourmantes qui parlent de cuisine...
Et sans oublier le monde des livres, parce que j'ai oublié de vous dire que Fenno tient une librairie avec passion...
Bref, lisez le, vous ne le regretterez pas !
Un dernier passage, pour le plaisir :
Véronique, la femme de Dennis :
" - Ce jardin, vois tu, me rappelle ma vie avant l'arrivée des filles. Oh, une vie délicieuse, une vie pleine de couleurs et de passions. Et ce petit bois de cerisiers, dirais-je, est à l'image de mon mariage avec Dennis. Mais avoir des enfants... avoir des enfants, c'est comme planter des roses, du muguet, des lavandes, du lilas, des gardénias, des giroflées, des tubéreuses, des jacinthes... C'est atteindre une sensation de plénitude, une sensation merveilleuse que l'on ne connaissait pas auparavant. C'est donner à son jardin une autre dimension. Le parfum de la vie même. "
Un passage magnifique page 450, 451 et 452 (il est un peu trop long pour vous l'écrire), à lire absolument.
Et quand à moi, je file lire l'avis de Theoma et de Keisha.
Jours de juin
Julia Glass
Editions des deux terres et Points poche
Objectif PAL