Ce premier roman est écrit par un irlandais : Gérard Donovan.
C'est un très beau roman, je l'ai vraiment appréciée.
Julius Winsome est un homme qui vit solitaire, dans un chalet, au beau milieu d'une fôret. Il vit là, avec son chien et 3282 livres...
Une belle bibliothèque en effet, tous acquis par son père qui étaient un grand lecteur. Julius apprécie plus que tout le calme et la tranquillité.
Mais cette belle tranquilitée sera rompus par un évenement qui va complétement destabilisé Julius. Son chien est assassiné par un chasseur.
Dès lors cet homme va se transformer et n'aura plus qu'un objectif : venger la mort de son chien. Il prend les armes et devient un tueur sans état d'âme.
Il a le coeur brisé...
Il devient autre...
Ce chien, il l'aimait profondément, c'était son seul ami.
Julius avait bien eu une liaison avec une femme mais elle l'avait quittée pour un autre et il était retombé dans sa solitude. Ce chien était la seule chose qui lui restait...
Cette femme était apparût comme par magie, devant son chalet. Elle avait prétendu s'être perdu dans cette splendide forêt du Maine, mais Julius avait toujours douté de cet état de fait...
" Il est vrai que ç'a avait été une époque heureuse pour moi, pas tant à cause du chien que de la femme qui m'avait conseillé d'un prendre un. Quelques semaines plus tôt, elle avait émergé de la forêt, traversé la clairière où se trouvait le chalet. Quand je suis sortie pour la saluer, elle m'a dit qu'elle s'était perdue en faisant une promenade par cette journée de fin de printemps, que sa voiture était garée quelque part, un peu plus loin. Elle parlait sans le moindre signe d'inquiétude. Si elle se baladait dans ces bois c'est qu'elle était du coin. "
Mais commençons par le début. Le roman débute par Julius qui entend un coup de fusil dans la forêt, tout près de lui. Mais il ne pense pas tout de suite au pire. Il attend son chien quelques heures puis finit par le chercher et le trouve blessé gravement quand il revient au chalet. Il fonce chez le vétérinaire mais c'est trop tard, le chien meurt dans ses bras. Quand il revient il l'enterre devant sa maison.
" J'ai jeté sur mon ami le monde entier à coups de pelle et en ai ressenti le poids, comme si j'étais étendu à ses côtés dans les ténébres "
Julius décide donc de tuer et prend pour proie les chasseurs qui sévissent autour de lui, dans sa forêt.
" La nuit m'a durci comme un bâton et m'a brandi contre le monde. J'étais un bâton menaçant l'univers. J'ai regardé ma main qui agrippait la crosse. J'étais le fusil. J'étais la balle, la cible, la signification d'un mot qui se dresse tout seul. Voilà le sens du mot "vengeance", même lorsqu'on le couche sur le papier. "
Il fait pourtant parti d'une lignée d'hommes qui déteste la guerre. Son père et son grand-père avaient une sainte horreur des armes et préféraient les livres (comme je les comprends).
Voilà le portrait que Julius fait de son père :
" C'était un homme doux et facile à vivre parce qu'il occupait très peu d'espace. Certains êtres sont ainsi mais ils sont rares, et c'est lui qui m'a appris à demeurer tranquille. Nous avions vécu seuls tout les deux, car il ne s'était jamais remarié. Il disait qu'il était l'homme d'une seule femme, même si celle-ci était morte. Voilà comment j'ai appris le sens du mot "fidélité", comment envelopper de chair le terme nu et lui insuffler la vie. "
Sa mère est morte en le mettant au monde, il ne l'a donc pas connu. Ils ont donc vécu seuls entourés de livres et des mots de Shakespeare :
" C'est ainsi que, chaque semaine, j'enrichissais mon vocabulaire d'une vingtaine de mots élisabéthains, mots venus du fin fond du XVIe siècle pour s'installer dans ma bouche et dans ma main quand je les inscrivais, accompagnés de leur définition. Voici l'échantillon d'une journée : "maillé de sang" signifie : ensanglanté, "pollu" veut dire : souillé "
Il faut vous dire aussi que Julius a ceci de particulier : il parle en mots de shakespeare à ces victimes, qui évidemment n'y comprennent rien...
Il se fait cette réflexion :
" Qu'aurait dit mon père de tout cela ? Qu'aurait-il pensé d'un adulte, son fils en l'occurrence, complètement bouleversé par une histoire de chevrotine et de chien, assis dans le noir près d'un feu froid -si l'expression a un sens- en compagnie de quelque chose qui s'était glissé par la porte et se tenait tout près. Sensation ou air vicié, qui imposait sa présence tout en refusant de s'identifierer, se déplaçait de pièce en pièce, frôlant les meubles, faisait bruisser les rideaux, avant de pénétrer dans la salle de séjour, les bras croisés, comme pour dire : Bon. Qu'est ce qu'on fait maintenant ? "
Qu'est ce qu'on fait maintenant ? On tue... Voilà ce que fera Julius...
Mais sans en ressentir le moindre plaisir.
Il ne se cherche même pas des excuses :
" Aucun motif logique, aucun raison précise, aucun rêve ne m'avait poussé à agir ou n'avait fait naître un autre homme en moi. J'étais seul responsable de tous mes actes, de tout ce que j'avais fait ou n'avais pas fait, à chaque instant de ces derniers jours.
Il était mon ami et je l'aimais. Un point c'est tout. "
Je vous le dit tout net : je n'ai pas réussi à détester cet homme. Non, pas à un seul moment... Malgré le fait qu'il devienne un meurtrier... Voilà ce que réussi Gérard Donovan, l'auteur de ce livre magnifique. Je n'ai qu'une seule chose à rajouter : lisez ce livre si ce n'est pas déjà fait !
Derniers extraits pour le plaisir :
" Les gens sont incapables de vivre leur vie sans déranger les autres, pas moyen d'éviter tout le boucan qu'ils font partout où l'on va. "
" On me chassait des livres de mon père à coups de feu.
Chaque année il y a davantage de chasseurs, de mieux en mieux équipés, qui, refusant de rentrer bredouilles, pénètrent de plus en plus profondément dans les propriétés privées. Et si je n'arrivais pas à lire à cause de tout ce vacarme, alors à quoi servaient les livres ? "
Bizarrement, malgré les meurtres, j'ai vue dans ce livre un éloge de la paix, un éloge d'une vie tranquille et sereine.
Avec pour seule ressource les livres et la vie au plus près de la nature...
Pour preuve une citation de Victor Hugo :
" Le poète ne doit avoir qu'un seul modèle, la nature, qu'un guide, la vérité. "
Pour finir cette phrase qui ne peut qu'interpeller les lectrices et lecteurs que nous sommes :
" Tout se trouve dans les livres, regarde tous ces livres, une existence entière anime ces murs"
Ma première contribution au challenge du 1er roman !