Tout d'abord il y a cette couverture superbe. Qui s'accorde très bien avec le texte de ce roman. Il y a aussi ce titre ; "Le reste est silence". Je trouve qu'il est d'une poésie infini.
C'est un livre magnifique...
Un livre vraiment très émouvant ! Un livre bouleversant.
Il nous parle des difficultés de la vie. Des écueils que l'on rencontre dans l'amour, dans un couple, dans une famille. Il nous parle de la complexité d'être parent.
Il nous parle des obstacles qui se mettent sur notre route quand on a des enfants, des complications qu'il y a, à rester suffisamment à l'écoute et des nombreuses erreurs que nous ferons forcément.
Il nous parle de la douleur, de la souffrance que peuvent engendrer des secrets et des silences familial.
Être mari, être femme, mère, père n'est jamais aussi facile qu'on le croit.
Derrière les volets clos se cachent de lourds souvenirs, et des blessures lourdes de chagrins.
Il nous parle de nos difficultés à parler de nos sentiments et de nos peurs secrètes.
De notre difficulté à parler de nos douleurs...
Il nous dit que nous vivons tout les jours, les uns à coté des autres, sans nous comprendre vraiment.
Et cela, même si l'amour est là...
Ce roman m'a vraiment remué.
Il est très fort !
Il touche à l'intimité de nos vies...
Il met le doigt là où ça fait mal, sur nos fragilités...
C'est un roman dont je n'ai pas envie de trop vous parler de peur d'en déflorer le coeur, le sens...
Il faut entrer dans ce livre à pas feutrés et le découvrir soi même.
Il y a Tommy, petit garçon de douze ans, qui souffre d'une maladie cardiaque qui l'empêche de vivre comme un garçon de son âge. Le début du livre le voit apprendre quelque chose de terrible. Il a la fâcheuse habitude de se cacher et d'enregistrer des conversations d'adultes avec son Mp3. Ce jour là il y a un banquet nuptial et il entend une femme parler du suicide de sa mère. Sa mère, Soledad, qu'il croyait morte de maladie.
Cette révélation va ébranler durement la compréhension qu'il avait de sa vie.
" Grandir, c'est comme monter sur une montagne avec une grande pancarte autour du cou sur laquelle est écrit : OUBLIE. Parfois, je retiens ma respiration pour arrêter le temps, ou bien je fais des pas en avant ou en arrière, ou bien je compte de un à cent et ensuite de cent à un. Alors, je ne comprends pas pourquoi le temps ne peut pas remonter avant, à l'époque où maman était encore vivante."
Il y a Juan qui ne s'est jamais remis du suicide de sa femme et qui ne sait pas vraiment s'y prendre avec son fils Tommy.
Il y a Alma, sa nouvelle compagne, mère d'une petite Lola dont Juan n'est pas le père. Ils traversent tous deux, une mauvaise passe, dans leur couple :
" Chaque jour, ce geste qui déclenche le mécanisme de la passion devient de plus en plus difficile. J'ai mis tous mes espoirs dans cette nuit. Si nous échouons, nous ne pourrons plus accuser les enfants, les soucis de la journée, la fatigue. "
Ils ont un mal fou à communiquer. Alma :
" Un mur se dresse entre Juan et moi, à travers lequel nous pouvons nous voir, mais aucun contact ne peut le traverser"
" Privée de notre communion, ma vie, les gens, tout me semble lointain, comme si une brume offusquait ma vue. Ce qui auparavant avait un sens est devenu banal. Ce n'est pas un sentiment dramatique, de naufrage ou de désespoir. Au contraire, il est si léger qu'il ressemble au vide. "
Il y a le retour de Leo aussi, le premier amant d'Alma, qui entre à nouveau dans sa vie.
Et tout ces personnages gravitent les uns autour des autres sans vraiment se comprendre.
Ce sont leurs trois voix respectives que l'on entend à tour de rôle.
"Parfois les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre."
Ses mots sont les premiers de ce livre. Je trouve qu'ils sont une très bonne introduction pour ce roman.
J'ai finis ce livre le coeur battant et l'âme chavirée.
Il vous faut absolument lire ce livre, c'est une petite merveille.
" Peut-être n'apprend-on rien de la douleur, on se contente de la sillonner, inlassablement, dans la solitude. "
Le reste est silence
Carla Guelfenbein
Editions Actes Sud
janvier 2010
A lire : l'excellent billet de Pascale sur ce livre.