Lecture commune avec Zarline, que je remercie en passant pour avoir bien voulu décaler la date (mais j’ai quand même réussi à avoir un jour de retard !!!…)
Mot de l’éditeur :
« La veille de Noël, un homme lit l'histoire étrange racontée par l'un des témoins des faits rapportés, une gouvernante chargée de garder deux enfants que viennent hanter des fantômes dépravés qui se jouent de leur innocence. »
Je voulais d’abord lire ce texte pour le Read A Thon et finalement je me suis dit que ça ne serait pas un texte si facile que ça… Je peux dire maintenant que j’ai bien fait. C’est un texte qui demande toute notre concentration et d’avoir la pleine mesure de ses moyens (en l’occurrence : ne pas être trop fatigué !!). Mais je dois avouer que je ne renouvellerais sans doute pas avec cet auteur, le style ne m’a pas convaincu plus que ça.
Que dire de l’histoire… Si j’ai été effrayée ? La seule chose que je peux vous dire c’est que j’ai lu les dernières pages hier soir, dans mon lit, juste avant de m’endormir et que ça n’a pas loupé : j’ai fait un cauchemar. Est-ce dire que je suis facilement impressionnable ? Oui, certainement.
L’atmosphère, l’ambiance est incontestablement réussie. On est en plein dans l’époque victorienne et c’est sans doute cela qui a contribué à ne pas faire de ma lecture un échec. Mais cela n’empêche pas que, au final, cela ne soit pas un coup de cœur.
Ce que j’ai le plus aimé c’est la narration en forme de récit, de journal, de la gouvernante. On est donc au plus près des faits.
Mais bon, c’est quand même une lecture qui m’a laissé un peu perplexe. Je n’y ai pas adhéré tant que cela.
Ce huis clos (ou presque) vous fait glisser dans une atmosphère étouffante, angoissante, presque malsaine je dirais.
Deux trois petites choses m’ont choqués, tout d’abord ces enfants qui apparaissent tout d’abord angéliques et adorables et tout à coup deviennent, pour la gouvernante « mauvais » et cela pour la seule et bonne raison qu’ils auraient des contacts avec des fantômes ??? Et ce couple, dépravé, le serait uniquement parce qu’ils ont eu une liaison de leur vivant ???… Ou alors il y avait peut-être autre chose que je n’ai pas saisi ?
Et il y a cette phrase de l’auteur qui me semble incroyablement sexiste :
« J’avais eu moi-même des frères, et ce n’était pas pour moi une révélation que les petites filles puissent être des idolâtres serviles des petits garçons. Mais ce qui surpassait tout, c’était qu’il y avait au monde un petit garçon capable de montrer la plus grande considération pour une créature de sexe, d’intelligence et d’âge inférieurs. » (!!!!!!)
Quelques extraits pour finir.
L’arrivée de la gouvernante à Bly (le domaine où les évènements auront lieu) :
« Je suppose que j’avais tellement pressenti, ou redouté, quelque chose de mélancolique, que ce qui m’accueillait ne pouvait être qu’une bonne surprise. Je me rappelle comme la plus agréable des impressions la large et limpide façade, ses fenêtres ouvertes, ses frais rideaux, et les deux servantes guettant mon arrivée ; je me souviens de la pelouse, des fleurs éclatantes, du crissement des roues sur le gravier, des épaisses frondaisons au-dessus desquelles les freux tournoyaient et croassaient dans le ciel doré. Ce décor avait une grandeur qui le rendait bien différent de ma triste maison familiale, et alors est aussitôt apparue à la porte, tenant une petite fille par la main, une personne courtoise qui m’a fait une révérence aussi correcte que si j’avais été la maîtresse des lieux ou une visiteuse distingué. »
La première apparition qui déstabilise la gouvernante :
« Toute cette impression du moment me revient du moins avec une intensité qui me permet de l’exprimer ici avec une précision que je ne lui ai encore jamais donnée. C’était comme si tout le reste de la scène avait été frappé de mort à l’instant même où j’apercevais… ce que j’ai aperçu. Je peux encore entendre, en écrivant, le silence prenant dans lequel sont tombés les bruits du soir. Les freux ont cessé de croasser dans le ciel doré, et durant une minute, cette heure amicale a perdu toute voix. Mais rien d’autre n’avait changé dans la nature, à moins bien sûr que l’étrange intensification de mon regard n’ait été un changement. L’or était toujours dans le ciel, la limpidité dans l’air, et l’homme qui me regardait du haut des remparts était aussi net qu’un tableau dans son cadre. »
Et les enfants qu’elle commence à regarder d’un autre œil :
« Oh oui, nous pouvons rester là à les regarder, et ils peuvent nous faire leurs petites démonstrations autant qu’ils veulent ; mais lorsqu’ils font semblant d’être absorbés dans leur conte de fées, ils sont en réalité plongés dans leur vision de revenants. Il n’est pas en train de faire la lecture à sa sœur, ai-je déclaré, ils sont en train de parler d’eux… ils se disent des horreurs ! Je sais que je raisonne comme si j’étais folle, et c’est vraiment étonnant que je ne le sois pas encore devenue. Ce que j’ai vu vous aurait rendue folle ; mais ça ne m’a rendue que plus lucide, m’a fait saisir bien d’autres choses »
Il existe également en version BD :
Dont en voilà une planche :
Et il y a le film aussi, mais je précise que je n'ai pas eu l'occasion de le voir : Les Innocents
Les innocents sur Comme Au Cinema
