Lecture commune avec
Anne (qui a déclaré forfait)
Cette lecture est une relecture. Puisque je ne vois pas ce que je pourrais rajouter... parce que je crois en avoir fait un tour complet et que j'en ai dit vraiment tout ce que je pouvais en dire voilà tout simplement mon billet en entier de ma lecture du 22 décembre 2009. La seule chose que je pourrais rajouter c'est que c'est une lecture que je conseille, une lecture "paire de claques" et la fin est vraiment percutante. Même si, bien sûr, pour une deuxième lecture l'effet surprise a disparu.
N'hésitez plus pour lire cet excellent livre jeunesse :
" Anax est prête à affronter le jury. Pendant cinq heures, face à trois
examinateurs, elle va montrer qu'elle connaît parfaitement son sujet. Mais plus elle en dit, plus elle referme son propre piège..."
Ce roman se passe dans l'avenir. Anaximandre passe un
examen d'entrée pour entrer à l'académie. Le livre est concentré sur les cinq heures d'examen d'Anax. Presque toute la population est décimée par des guerres et des maladies.
La population qui reste s'est retrancher sur un petit coin du globe et n'y laisse penêtrer personne. Et les mesures sont draconniennes : quiconque à le malheur de s'approcher est abattu sans le
moindre sommation. Le sujet de la thèse d'Anax est sur Adam Forde, un homme qui se révolte et refuse d'abattre une jeune femme qui arrive vers les terres sur un fragile bateau. Plutôt que d'être
executé il sera enfermé avec un dénomné "Art" qui n'est pas un homme mais un prototype, une intelligence artificielle, une machine pensante...
Pour vous faire une idée, voilà à quoi il ressemble :
" Il avait un corps métallique et trapu qui arrivait à hauteur des genoux d'adam, et il était monté sur trois roulettes rétractables, comme celles qui avaient été développées pour le traitement
des déchets. Ses deux longs bras hydrauliques se terminaient par des mains à trois doigts -un clin d'oeil au comique pré-classique que le Philosophe William adorait. La plus grande plaisanterie
était toutefois la tête d'Art : il avait les traits d'un orang-outang, des yeux écarquillés et une bouche tombante. Il avait aussi le regard fixe et un sourire denté toujours moqueur. Le tout
surmonté d'une profusion de cheveux orange. "
Mais ce n'est pas son physique qui est important : Art veut convaincre Adam qu'il est aussi humain que lui et peut-être
même plus. Ce huis clos prend alors une place importante dans le roman.
Voilà pour le sujet.
Si j'ai aimée ce roman ? En tout cas ce que je peut dire c'est qu'il a été comme une claque : il m'a vraiment interrogé.
C'est un avenir glaçant, dont nous n'avons aucune envie...
Est-il vraiment adapté pour les ados ? Ce qui est sûr c'est que ceux qui n'ont pas une bonne maitrise de la philo seront perdus.
C'est un roman qui aborde beaucoup de thèmes philosophiques :
Qu'est ce que qu'un être humain ?...
Qu'est ce que l'âme ?....
Qu'est ce que la pensée ?...
J'avoue qu'à la page 130 j'ai commencée à décrocher un peu.
Peut-être que trop de philo tue la philo...
Mais heureusement le livre m'a tout de suite repris dans se filets.
Les dernières pages sont un sacré final, époustouflant.
Une fin étouffante que l'on lit un peu le coeur au bord des lèvres.
C'est un roman qui m'a mise mal à l'aise, au bord de la nausée.
Je suis peut-être d'une sensibilité exacerbée mais je crois que je suis comme Clarabel, je ne lis pas mes livres, je les vit !!!
Ce livre là souligne des questions qui restent sans réponse. Il est comme une bombe qui explose en faisant naître le chaos.
C'est un livre qui se dévore... On se bouche le nez et on y plonge, comme en apnée,en retenant son souffle. Et lorsqu'on en ressort, on est mouillée jusqu'aux os.
On est vacillante, étonnée de rouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure.
Ce livre là est à lire parce qu'il vous bouscule et que c'est peut-être utile d'être bousculé de temps en temps.
Quand on arrive au bout de ces pages une question surplombe toutes les autres : avons nous le moindre espoir ? Y'a t'il vraiment de l'espoir en l'avenir de notre humanitée ?
Un livre comme un uppercut !
Quelques extraits :
" EXAMINATEUR : Etes-vous en train de soutenir qu'une société ravagée par la peste vaut mieux qu'une société ravagée par
l'indifférence ?
ANAXIMANDRE : c'est une bonne manière de poser la question.
EXAMINATEUR : Et quelle est votre réponse ?
ANAXIMANDRE : Je pense qu'en aucune circonstance, on ne peut justifier le romantisme d'Adam, même si, au vu de notre histoire, nous avons toutes les raisons de le remercier. "
Extrait d'une conversation entre Adam et Art :
" - La conscience artificielle, ça n 'existe pas
- Je suis conscient.
- Non, tu ne l'es pas. (Les yeux d'Adam brillaient de rage.) Tu es un assemblage complexe de puces électroniques. Je fais du bruit, ça entre dans ta banque de données, c'est comparé au mot
correspondant, et ton programme choisit une réponse adéquate. Et alors ? Je te parle, tu produis un son. Je donne un coup de pied dans ce mur, ça produit un son aussi. Où est la différence ?
Peut-être que tu vas me dire que le mur aussi est conscient ?
- Je ne sais pas si le mur est conscient, répliqua Art. Pourquoi tu me demandes ça ?
- Va te faire foutre, grogna Adam, ce qui ne découragea pas Art.
- Je pense que je suis conscient. Qu'est ce qu'il te faut de plus ?
- C'est comme ça qu'ils t'ont programmé, c'est tout.
- Je ne le nie pas. Et toi, comment sais-tu que tu es conscient ?
- Si tu pensais vraiment, tu n'aurais pas besoin de le demander. Si tu avais une conscience, tu le saurais.
- Je pense vraiment que j'en ai une, dit Adam. Et je pense que tu le sais.
- Le temps est écoulé, déclara Adam. "
Anaximandre face à un examinateur :
"ANAXIMANDRE : Il y a trois aspects. Le premier, c'est l'aspect intellectuel. Adam ne ment pas en disant que pour lui, Art
n'est qu'une machine. Or, rationnellement, une machine ne peut penser, elle peut seulement calculer. C'est l'opinion d'Adam, et il croit qu'il a raison de se comporter de la sorte. Il a été élevé
en Philosophe. Selon lui, la pensée prime sur les sentiments."
Anaximandre :
".../... Adam avait commencé à parler à Art. c'était son erreur. Il ne pouvait à la fois parler à Art et continuer à ne
voir en lui qu'une machine.
A chaque phrase qu'ils échangent, l'illusion de la vie se fait plus grande../..."
Adam et Art :
" - Alors, qu'est ce que tu as que je n'ai pas ? le défia Art. A part ta tendance à te faner ?
- Je suis vivant, répondit Adam. Ce que, je pense, tu apprécierais si tu savais de quoi je parle.
- Définis-moi le fait d'être en vie, demanda Art, avant que je décide que tu es trop bête pour que je te parle.
- Tu me tentes, rétorqua Adam.
- Tu en es capable, non ?
- Une définition ne t'aiderait pas à comprendre. Elle ne peut contenir de sentiment.
- C'est une réponse de piètre qualité.
- La vie crée l'ordre à partir du désordre. La vie, c'est la capacité à extraire l'énergie du monde extérieur, à créer la forme. A grandir. A se reproduire. Tu ne peux pas comprendre.
- Mais je fais tout ça ! protesta Art
- Sauf comprendre. Et te reproduire. A moins que tu me dises maintenant que tu te construis toi-même.
- Je peux construire un autre moi-même. Je sais comment faire. C'est prévu dans mon programme.../...
Plus loin :
" Adam :
- Dans mon corps, au moment où je te parle, des centaines de milliards de cellules sont en train de se reproduire. Chaque cellule est en soi une minuscule usine, plus complexe dans sa structure
que ton corps tout entier. Et tandis que certaines de mes cellules consolident mes os et contrôlent ma circulation sanguine, d'autres ont fait quelque chose d'encore plus remarquable. Elles ont
construit mon cerveau.
A l'intérieur de mon cerveau, le nombre de connexions potentielles entre neurones excède le nombre de particules dans l'univers. Alors excuse moi si je ne me prosternes pas devant tes misérables
circuits électriques, ou que je ne m'éverveille pas devant le kitsch de ton corps en ferraille. Tu n'es, en ce qui me concerne, qu'un jouet, un petit gadget amusant. Alors que moi, mon ami, je
suis un miracle."