Traduit du
danois par Max Stadler et Magali Girault
Le mot de l'éditeur (source Serpent à plumes) :
"Anna Bella, une jeune maman et chercheuse, élève seule la petite Lily. Elle vient de rendre son mémoire de maîtrise à Lars Helland et Erik Tybjerg, les deux
professeurs qui vont lui faire passer l’examen final. Dans son mémoire, elle met en question la théorie du chercheur américain Clive Freeman, qui, malgré la découverte de nombreux squelettes de
dinosaures à plumes, se refuse à affirmer que les oiseaux descendent des dinosaures.
Son monde s’écroule lorsque Lars Helland est retrouvé mort dans son bureau. Plusieurs milliers d’œufs de cestodes ont été déposés dans son corps et dans ses muscles
pour paralyser son système nerveux. Puis c’est son confident et ami, Johannes, que l’on trouve assassiné, le crâne défoncé. Pour clore le tout, Anna Bella découvre que sa propre mère lui a caché
un secret de famille très lourd à porter.
Pourquoi ces meurtres et ces secrets ? La réponse se trouve-t-elle dans l’objet de son mémoire ? Anna Bella va puiser au fond de ses ressources les plus intimes pour
tenter de démêler ces sombres histoires. Et seconder bien malgré elle l’agaçant commissaire Søren Marhauge."
« Un enfant aime à partir du moment où il est lui-même aimé »
Je continue mon tour du monde avec bonheur. Après la Russie, la Norvège, le Pays de Galles je fais un petit tour vers le Danemark. (et ma dernière lecture que j’ai fini hier soir m’a emporté très loin en Australie… Je peux vous dire que c’était magnifique…)
Je lis de moins en moins de thriller mais je dois dire que celui-ci en est un très bon exemplaire. Plus pour l’atmosphère et les personnages que la partie policière peut-être…
Mais avec cette brochette de personnages vous allez vous régaler. Ils sont tous plus intéressants les uns que les autres. Ce que j’ai vraiment apprécié c’est qu’il n’y a pas que l’instant présent (c’est-à-dire ce qui se passe après la découverte du corps du scientifique) qui est décrit. Non, l’auteur s’intéresse aux protagonistes depuis leur enfance. Toute leur vie, ou presque, en fait.
J’ai beaucoup aimé suivre Anna et sa vie plutôt agitée. Elle vit seule, avec sa petite fille Lily et sa mère est très (trop) envahissante (et l’on comprendra pourquoi plus tard)
J’ai aimé aussi le personnage du policier ; Soren. Lui non plus n’a pas une histoire facile. Son mariage s’est soldé par un échec et il mettra des longues années à avouer à sa femme un évènement qu’il a toujours choisi de taire.
En fait tous les personnages ont ceci en commun ; ils ont tous vécu un drame dans leur enfance. Et ils sont, eux aussi, comme pour mon livre précédent : « La terre fredonne en si bémol » englués dans des secrets de famille qui les empêchent d’avancer correctement.
C’est un très bon thriller, le milieu scientifique, où se situe l’action, est passionnant et il n’y aucun détail ennuyeux.
C’est vraiment un livre bien fichu, au fur et à mesure de la progression dans ses pages, on y voit de plus en plus clair. Tout ce qui nous paraissait sombre et nébuleux s’éclaire, un peu comme les pièces d’un puzzle qui se mettrait doucement en place. Les personnages ont vraiment du corps et on est aspiré par leurs vies avec grand plaisir.
Mais c’est un policier et, comme il serait dommage d’en dévoiler de trop, je serais assez brève (pour une fois !!!).
Ce que j’ai surtout retenu de ce livre c’est le voyage exaltant que ’j’y ai fait au Danemark.
J’en ai conclu aussi qu’une enfance désastreuse à toujours des répercussions et qu’elles sont parfois dramatiques.
Mais aussi, qu’à force de jouer à des jeux très dangereux, et avec le feu, on finit forcément par se brûler.
Une de ses qualités, s’il en a besoin d’encore une, c’est d’être très bien écrit. (et encore une fois ses prénoms vous enchanterons !!!)
Odense Danemark
Extraits :
« Pour le Nouvel ans, Vibe et Soren allèrent passer quatre jours en Suède. L’associé de Vibe leur avait loué une ferme isolée. Il avait l’intention de tout avouer à Vibe et, à leur retour, Knud devait lui aussi apprendre l’existence de Maja. La forêt derrière la maison était immense et la neige ruisselait entre les arbres comme du cristal lorsqu’un écureuil faisait un bond ou que le vent se mettait à souffler. Soren coupait du bois pour la cheminée et observait la forêt, il rêvait de pouvoir échanger sa vie contre une autre moins compliquée, plus ordinaire. Vibe et lui jouaient à des jeux de société et lisaient, ils parlaient d’Elvira, c’était le premier Noël sans elle. Knud était confiant et avait insisté pour qu’ils partent. A deux reprises, Soren avait essayé de l’appeler, mais il était tombé sur le répondeur. Il commençait à s’inquiéter jusqu’à ce qu’il trouve un message sur son portable disant que tout allait bien. Vibe et Soren parlèrent très peu de leur relation, comme s’ils avaient tacitement signé un armistice. On est un peu comme un frère et une sœur, dit Vibe en penchant le livre qu’elle était en train de lire. Soren regardait le jardin sauvage, il pensait à Maja, à la façon dont il allait bien pouvoir annoncer la nouvelle à Vibe. Le moment semblait bien choisi. Maintenant. Mais Vibe était confortablement enveloppée dans une couverture, les joues rougis par la chaleur du poêle et le thé posé sur la table, elle avait l’air si sereine. Pour la première fois depuis longtemps. Ils firent l’amour une fois. Le soir de la Saint-Sylvestre. Après avoir mangé beaucoup de saumon et bu beaucoup de vin. Ce fut un moment intime et beau. Le 2 janvier, ils se mirent en route tôt le matin. Soren ne lui avait toujours rien dit. » (p68 et 69)
« Le jeudi matin, Soren se réveilla beaucoup trop tôt. Il abandonna l’idée de se rendormir et se leva. Il alluma la lumière dans le salon, mit des petits pains surgelés au four et s’imposa dix minutes de vie privée sans penser à l’enquête. A 7h20, le jour commença à se lever. Soren enfila des chaussettes épaisses et se dit que pour un mois d’Octobre, il faisait déjà très froid. Cela annonçait peut-être un hiver particulièrement rigoureux.
Soren ne se souvenait que d’un seul hiver glacial au cours duquel le Danemark et la Suède avaient été reliés par une plaque de glace pendant deux mois. C’était en 1987, Soren avait dix-sept. Knud l’avait emmené pêcher sous la glace. Ils avaient pris la route par un froid sibérien et sous un soleil radieux et avaient roulé sur la glace jusqu’en Suède à bord de la Citroën de Knud équipée de chaînes. L’état d’urgence régnait sur les routes improvisées. Les voitures se croisaient avec prudence, les parents tiraient leurs enfants sur des luges, certains faisaient du patin à glace, l’écharpe au vent. Alors qu’ils approchaient de la Suède et qu’ils étaient de nouveau sur la terre ferme, ils avaient bifurqué vers le Nord. Knud avait emprunté la cabane d’un ami située sur une île.
- Comment on va faire pour pêcher si le lac est complètement gelé ? Avait demandé Soren.
Knud s’était contenté de lui faire un clin d’œil. Ils n’avaient rien fait de tout le week-end. Ils étaient restés dans la cabane à jouer aux cartes et au Mastermind et à manger du chocolat. Ils entretenaient le feu dans la cheminée. Knud avait apporté des fléchettes et ils avaient accroché une cible devant la maison. Ils jouaient jusqu’à ce que le soleil se couche. Ils portaient des gants pour pouvoir boire de la bière sans avoir les doigts gelés. Knud avait demandé à Soren à quoi il pensait. Au début, Soren trouva cette question bizarre, puis il avait eu envie de tout raconter à son grand-père. De lui confier à quoi et à qui il pensait. Il lui avait parlé de ceux qu’il considérait ses amis, de ceux qu’il n’aimait pas. »
Si vous avez envie d’un thriller un peu différent et exceptionnel jetez-vous sur ce livre…
Lystig l'a lu aussi et c'est elle, la première, qui m'a donné envie de lire ce livre.
Un grand merci aux éditions du serpent à plumes et à Anne.
Challenge voisins voisine de Kathel
Challenge scandinavie noire de Prune pour le
Danemark
Challenge Petit bac catégorie "Animaux"
Par ailleurs ce blog se met en pause à partir d'aujourd'hui alors à bientôt...
A mon retour je vous parlerais de "Un certain vertige" qui était magnifique !!!
« Il arrivait à Cécilie de se comporter comme si Anna était un objet dont elle pouvait disposer. Elle ne le faisait pas méchamment ou de manière calculatrice mais certaines situations ou confrontations se terminaient souvent par le même refrain : Oui, mais nous sommes mère et fille. Comme si la relation mère-fille justifiait tout. Cela ne voulait pas dire qu’on était autorisé à emprunter des raccourcis et à sauter par-dessus des barrières, ni qu’on pouvait intervenir dès qu’on en avait envie. »