Existe également en livre de poche :
Le mot de l'éditeur :
" Lou Bertignac
a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les
encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des
théories pour apprivoiser le monde.
A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence.
No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter
pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du
métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre
tous.
Roman d’apprentissage, No et moi est un rêve d’adolescence soumis à l’épreuve du réel. Un regard d’enfant précoce, naïf et lucide, posé sur la misère du monde. Un regard de petite fille grandie
trop vite, sombre et fantaisiste. Un regard sur ce qui nous porte et ce qui nous manque à jamais."
Ce livre est, indéniablement, très émouvant. Il vous touchera au cœur, forcément. Ce n’est pas un coup de cœur parce que j’avais sans cesse le souvenir, sur un sujet approchant, du livre d‘Isabelle Jarry : « J’ai nom sans bruit » que j’ai vraiment adoré et dont l’écriture me convenait beaucoup plus.
Il n’empêche, c’est une belle lecture, il se lit très vite et très facilement.
Lou est une gamine surdoué, qui réfléchit tout le temps et ne s’arrête jamais de cogiter.
« Dans la vie il y a un truc qui est gênant, un truc contre lequel on ne peut rien : il est impossible d’arrêter de penser. Quand j’étais petite je m’entraînais tous les soirs, allongée dans mon lit, j’essayais de faire le vide absolu, je chassais les idées les unes après les autres, avant même qu’elles deviennent des mots, je les exterminais à la racine, les annulais à la source, mais toujours je me heurtais au même problème : penser à arrêter de penser, c’est encore penser. Et contre ça on ne peut rien. »
L’histoire de Lou est plus douloureuse qu’elle n’en a l’air, sa mère est plus que dépressive depuis la perte de son bébé, une petite fille. Son père essaye de tenir ensemble les côtés pour que, de tout cela, survive un semblant de normalité dans cette famille. Et Lou surnage dans une ambiance plutôt sinistre.
Elle fait la rencontre de No, comme Nothing, comme rien, une jeune SDF de 18 ans. Au départ cette rencontre n’est que le prétexte d’un devoir, Lou fait un exposé sur les jeunes sans abri. Mais de fil en aiguille Lou décide de l’aider et No finit par emménager avec elle, ses parents sont d’accord de l’accueillir chez eux.
Mais bien sûr rien ne sera aussi simple…
Il y a aussi la rencontre avec Lucas, et l’ébauche d’un premier amour… Le beau Lucas, sauvage et rebelle
« Il est le roi, l’insolent, le rebelle, je suis la première de la classe, docile et silencieuse. Il est le plus âgé et je suis la plus jeune, il est le plus grand et je suis minuscule. »
Les deux passages qui m’ont semblés les plus percutants :
« No se tait, pendant quelques minutes, le regard dans le vague. Je donnerais tout, mes livres, mes encyclopédies, mes vêtements, mon ordinateur, pour qu’elle ait une vraie vie, avec un lit, avec maison et des parents pour l’attendre. Je pense à l’égalité, à la fraternité, à tous ces trucs qu’on apprend à l’école et qui n’existent pas. On ne devrait pas faire croire aux gens qu’ils peuvent être égaux ni ici ni ailleurs. Ma mère a raison. C’est la vie qui est injuste et il n’y a rien à ajouter. Ma mère elle sait quelque chose qu’on ne devrait pas savoir. C’est pour ça qu’elle est inapte pour son travail, c’est marqué sur ses papiers de sécurité sociale, elle sait quelque chose qui l’empêche de vivre, quelque chose qu’on devrait savoir seulement quand on est très vieux. On apprend à trouver des inconnues dans les équations, tracer des droites équidistantes et démontrer des théorèmes, mais dans la vraie vie, il n’y a rien à poser, à calculer, à deviner. C’est comme la mort des bébés. C’est du chagrin et puis c’est tout. Un grand chagrin qui ne se dissout pas dans l’eau, ni dans l’air, un genre de composant solide qui résiste à tout. »
« On est capable d’envoyer des avions supersoniques et des fusées dans l’espace, d’identifier un criminel à partir d’un cheveu ou d’une minuscule particule de peau, de créer une tomate qui reste trois semaines au réfrigérateur sans prendre une ride, de faire tenir dans une puce microscopique des milliards d’informations. On est capable de laisser mourir des gens dans la rue. »
Un sujet grave, dramatique, triste qui est peut-être un peu trop traité à la légère dans ce roman. Mais cela a suffi pour me plomber le moral…
Parce qu’il n’y a pas d’espoir…
Et que le monde dans lequel nous vivons est parfois bien laid…
Pour info Zabou Breitman en a fait un film et comme j’adore tout ce qu’elle fait, j’aimerais beaucoup le voir.