A l'occasion des vingt ans des éditions Zulma j'ai eu la chance de rencontrer Laure Leroy et c'était à la librairie Bisey, à Mulhouse. Encore une fois j'ai passé une très belle soirée... Je n'ai pas pris de note alors mon billet ne sera pas tellement complet mais j'avais, pour une fois, envie de profiter de ce moment tout simplement.
Laure Leroy a vingt trois ans quand elle se décide à créer sa propre société d'éditions. Pour le nom très particulier de Zulma elle s'en explique très simplement, elle recherchait quelque chose de féminin et à choisi ce prénom parce qu'elle le trouve très original et qu'il a un rapport avec Balzac (qu'elle adore) : Zulma Carraud, Au départ Zulma avait plusieurs collections, elles ont disparus et aujourd'hui il n'y a plus qu'une collection : la littérature contemporaine du monde entier.
Elle donne beaucoup d'importance à l'originalité de ses couvertures, elle voulait quelque chose de différent de toutes ces couvertures françaises qui finalement se ressemblent beaucoup.
Pour ça elle a choisi un graphiste anglais : David Pearson. C'est vrai qu'elles sont superbes leurs couvertures... Elles sont tout de suite reconnaissables.
C'est une petite édition, ils publient une douzaine de titres environ par an. Et seulement cinq personnes sont au coeur de cet entreprise. C'est un choix. Elle préfère s'occuper de très près de chaque livre qu'elle publie. Cela ne peut être possible qu'à la condition de publier un certain nombre de livres.
Comme Sabine Wespieser c'est une passionnée par son métier. Elle est intarissable quand elle parle de ses publications... Et c'est un vrai plaisir de l'écouter.
Elle aime beaucoup éditer des textes étrangers et même dans des langues très mystérieuse (dont une tellement exotique que je n'arrive pas à me rappeler son drôle de nom), d'où l'importance des traducteurs.
Un des grands succès de Zulma est le livre "Là où les tigres sont chez eux" de Jean-Marie Blas de Roblès. Son manuscrit avait été refusé par maintes éditeurs quand il a été découvert par Laure Leroy. Elle a été obligé d'imposer quelques coupes (le manuscrit était bien trop impressionnant) et l'a publié.
Il a connu un succès foudroyant : Prix Fnac, Prix Jean Giono, Prix Médicis 2008 et c'est vendu à 30 000 exemplaires.
Mais c'est elle aussi qui a édité le grand succès de Marcus Malte (mon chouchou) : Garden of love qui a eu pleins pleins de prix aussi...
Et c'est à elle aussi que nous devons le merveilleux "Rosa Candida" de Audur Ava Olafsdottir qui a reçu également deux prix littéraire en Islande.
Elle a parlé aussi d'une de ses dernières parutions, un livre dont elle dit qu'il l'a bouleversé et qui l'a fait pleurer :
Opium Poppy de Hubert Haddad
L'histoire d'un enfant soldat en Afghanistan. En voici les quelques mots des éditions Zulma :
"Encore et encore, on lui demande comment il s’appelle. La première fois, des gens lui avaient psalmodié tous les prénoms commençant par la lettre A. Sans
motif, ils s’étaient arrêtés sur Alam. Pour leur faire plaisir, il avait répété après eux les deux syllabes. C’était au tout début, à Paris. On venait de l’attraper sur un quai de gare, à la
descente d’un train…
Au fil de cette traque à l’enfant, se dessine l’histoire d’Alam. Celle d’un petit paysan afghan, pris entre la guerre et le trafic d’opium, entre son désir
d’apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour un frère tête brûlée et l’amour éperdu qu’il porte à une trop belle voisine… Ce surprenant roman à la précipitation
dramatique haletante éclaire la folle tragédie des enfants de la guerre. « Qui aura le courage d’adopter le petit taliban ? » semble nous demander avec une causticité tendre l’auteur d’Opium
Poppy.
On sort infiniment dépaysé et à la fois bouleversé par ce roman de toutes les épreuves, dans la belle filiation de Palestine (Prix Renaudot Poche 2009, Prix des cinq
continents de la Francophonie 2008). "
J'avoue être très tentée par cette lecture...
Voilà encore d'autres titres de chez elle qui me font de l'oeil :
La dameuse d'Alina Reyes Et l'écharde de Paul Wenz Une histoire venu d'Australie dont voici le mot de l'éditeur : "Lorsque Susie, débarquée deux ans auparavant de son Irlande natale, s’installe à la station de Tilfara comme housekeeper, son nouvel employeur ne met pas longtemps à se faire une opinion. « John Iredale appréciait tous les soins que Susie consacrait au ménage, mais elle lui donnait de plus en plus l’impression vague de danger qui s’attache à un fusil chargé dans la maison. Un bonjour, quelques mots pour un ordre, c’était là toute la conversation échangée entre eux ; mais il sentait qu’il aurait dû parler de la manière dont ses chaussettes avaient été reprisées, ou la remercier d’un mot d’avoir frotté avec tant d’éclat les cadres d’argent qui contenaient les photographies dans sa chambre à coucher. Elle n’avait jamais donné le moindre signe de familiarité ; elle avait gardé les distances et n’était pas un instant sortie de son rôle de domestique. John avait cependant surpris une fois ou deux les grands yeux bruns le fixant d’un regard intense et lointain à la fois, et comme inconscient. » Pour sa position, Susie est trop intelligente, possède de trop beaux cheveux, de trop beaux yeux et monte trop bien à cheval. À Tilfara, tous s’accordent sur ce point : elle a « des airs de duchesse qui aurait mis un tablier pour aider à une œuvre charitable. » Et parce que John ne comprend pas que Susie est follement éprise de lui, elle devient « l’écharde » qui va empoisonner son existence, des années durant. Roman magistral à la maîtrise peu commune, L’Écharde révèle la vigueur exceptionnelle du style de Wenz, injustement tombé dans l’oubli. "
C'est un détail mais je suis rentrée avec quelques marque-pages magnifiques :
Voilà, je crois vous avoir dit tout ce que j'ai pu retenir de cette soirée très réussie.
Merci à la librairie Bisey.